Chronique 60 - Reussir la Transformation (2) : Les 14 Cles Operationnelles Transformer suppose de placer le plus grand-nombre de personnes en situation d’appréhender les enjeux techniques, économiques et sociaux. Pour organiser cette ouverture au monde, il convient d’organiser en pratique une dynamique de recherche participative inclusive de toutes les personnes, tous les faits et toutes les idées.
Réussir la gageure de la transformation suppose d’engager en pratique tout le réseau de ses parties prenantes – salariés, fournisseurs, clients, prospects, adhérents, usagers, citoyens – dans une démarche collective de formulation du problème et de recherche des solutions.
Repenser le rôle du dirigeant
Le dirigeant voit son rôle fondé sur de nouvelles bases :
- Un constat : respecter les faits, les idées et des personnes est à la fois la source des performances durables et de la cohésion sociale.
- Un objectif : améliorer le contrat social à caractère républicain, citoyen et démocratique pour engager l’ensemble dans la recherche de l’intérêt général.
- Un principe d’action : donner à chacun un levier d’intervention dans la réflexion collective pour contribuer à alerter, examiner, inventer, tester et modéliser.
- Un engagement : organiser le dialogue avec tous, dans tous les territoires et toutes les organisations.
Une démarche de recherche participative
La clé réside dans le déploiement d’un dispositif de formation-action-étude interactive et permanente. L’acmé de chaque processus thématique est une séance de dialogue animée de façon à démontrer qu’il est possible de coconstruire en incluant la diversité des acteurs et préparé par la consolidation du recueil des informations. Enchaînées dans une suite progressive, ces séances sont productrices d’analyses plus convergentes et de projets mieux ajustés. Chacune doit solliciter l’intelligence des participants et leur restituer des analyses et préconisations personnlisées afin qu’ils y trouvent un intérêt personnel. Entre les séances, les échanges doivent se poursuivre dans le cadre d’un réseau social lui aussi d’un genre nouveau, producteur de responsabilité intellectuelle.
Les 14 conditions de la réussite de la transition globale
Reste alors à mettre en œuvre les les 14 conditions de la réussite pacifiée de la transition globale qui articulent les quatre supports complémentaires.
A. La séance de vrai dialogue
La source et le sommet du respect des personnes, des faits et des idées :
- Invitation de tous les publics : convier des acteurs différents et complémentaires par leurs vécus, savoirs, postures, statuts et intérêts particuliers.
- Recueil exhaustif : solliciter la diversité des participants avant et après la séance.
- Partage exhaustif : révéler l’hétérogénéité des intérêts particuliers, des expériences, des savoirs et des idées.
- Réflexion collective inclusive : distribuer la parole à la diversité des profils d’acteurs en gommant leur statut.
- Animation dialectique : maîtriser la méthode d’élaboration collective d’un raisonnement partagé (diagnostic et propositions) digne des meilleurs experts.
B. Le mécanisme événementiel itératif
Enchaînement logique de thèmes :
- Cycle événementiel : cadencer un rendez-vous selon un rythme mensuel ou hebdomadaire (les fidèles se rendent bien dans leur temple à haute fréquence).
- Progressivité thématique : séquencer des sujets successifs pour toujours mieux aiguiser la compréhension.
- Ouverture à tous : impliquer tous types d’organisations publiques et privées (issues des sphères économique, sociale, politique, associative, universitaire…).
C. Les travaux d’Formation-Action-Étude
Restitution individuelle dans le respect de la confidentialité requise :
- Compilation permanente : agréger les informations et croiser les visions de toutes les parties prenantes.
- Analyse transversale : enrichir les analyses comparatives par catégorie socio-professionnelle, secteur d’activité, territoire, organisme et Socioprofils d’acteurs.
- Formation permanente : livrer des analyses personnalisées à chacun sur son positionnement individuel pour contribuer à son développement personnel.
D. Le réseau social citoyen
Restitution collective dans le respect de l’anonymat requis :
- Partage continu : mutualiser les informations de façon ininterrompue avec chaque participant et chaque groupe par thème, territoire, organisme.
- La responsabilité sociale individuelle : donner à chacun la possibilité de faire connaître son profil de participation et d’engagement professionnel et citoyen.
- La responsabilité sociale collective : remettre à chaque organisme une étude comparative qui agrège les informations individuelles de ses parties prenantes.
Une gouvernance nouvelle pour réussir la transition globale
Ainsi, par cliquets successifs, la confiance est refondée lors de la tenue de ces séances de dialogue structuré qui organisent l’écoute de tous et conjuguent le tout en transparence. La fertilisation du croisement de l’expérience et de l’expertise avec des regards frais et nouveaux favorise la créativité et l’innovation à la fois technologique et sociale. Animée en solidarité avec tous et suivis en responsabilité intellectuelle par tous, la démarche donnent peu à peu naissance à un nouveau siège de l’intérêt général dans lequel chacun peut se reconnaître.
Fort de sa légitimité augmentée, issue des impacts visibles croissants avec chaque session, ce nouveau type de lieu constitue un cadre pédagogique qui propage la lucidité, articule de nouveaux paradigmes, énonce des diagnostics mieux partagés et formule des projets plus pertinents. Cet entendement réactualisé en continu bénéficie d’un a priori positif auprès de ceux qui y ont contribué. Ainsi, la réflexion collective suscite de nouvelles pratiques personnelles, professionnelles et sociétales dans toutes les sphères et à tous les étages de toutes les composantes des entités impliquées. Il devient alors possible de repérer, valoriser et promouvoir les acteurs et les actions au service de l’intérêt général.
Le Sociolab, laboratoire de recherche participative
Chaque organisme (collectivité publique, entreprise, école, ONG, parlementaire, syndicat, Média…) devrait installer ce type de laboratoire de recherche participative. A chacun de choisir qui associer à son Sociolab parmi ses partenaires actuels et potentiels. Chacun de ces sociétaires pourrait alors accéder à toutes les sessions pour mettre en commun les intelligences et abonder aux travaux. Chacun bénéficierait alors d’études comparatives ainsi que d’un cadre de formation continue et de transformation accéléré qui fait appel à la perspicacité et la créativité de ses propres publics.
Alors, et alors seulement, par la multiplication des Sociolab au sein des organismes publics et privés, aurions-nous une chance d’appréhender les enjeux de civilisation et de réunir les conditions nécessaires pour mettre en œuvre des solutions innovantes et anticiper la transition globale au bénéfice de l’humanité et de la planète. Au passage, la production par les Français d’une méthode productrice de concorde sociale reposant sur une vision actualisée du monde, de l’Europe, de la France, de l’entreprise et même de l’être permettrait à la France de poursuivre son expérience identitaire spécifique dont elle est actuellement orpheline… !
Texte co-écrit avec Florian Joufflineau , Directeur de l’impact social d’Epitech et copilote du Sociolab sur la transition digitale, et avec René-Pierre Almeras, Directeur Général adjoint de l'Institut de formation des élus territoriaux (IFET) et copilote du Sociolab sur le rôle de l’élu.