Jacques-Henri David, Président, Deutsche Bank FranceFrance, terre d’exclusions...
Apprendre à intégrer tous les potentiels
La France fermée
A Londres, lorsqu’une entreprise décide de proposer à ses collaborateurs de s’impliquer dans une cause d’intérêt général, la moitié d’entre eux répondent présent. En France, il est difficile d’impliquer plus de quelques poignées de collaborateurs dans de grandes causes. Il faut constater l’individualisme des français… ! Les français manquent d’ouverture à autrui ; la France manque d’ouverture à l’évolution du monde. Il n’y a qu’un pas de la peur d’autrui à l’exclusion d’autrui. Le réflexe protectionniste rend peu fréquentables les personnes au profil différent et fait de la France une contrée peu accueillante. Repliée dans un fonctionnement franco-français, elle cherche peu à s'adapter aux évolutions internationales et à intégrer les différences.
La culture française ne sait pas reconnaître les personnes qui veulent aider de façon désintéressée. Tout contributeur désireux de se placer au service d’une cause d’intérêt général voit sa légitimité a priori contestée. Aussi lui faut il déployer un surcroît d’énergie pour aider malgré eux ceux qui le repoussent ! Aussi, le Français même le plus volontaire sait inconsciemment que ses efforts pour tenter de faire changer les choses resteront vains pour leur plus grande part. Dans ces conditions, le désabusement, voire la résignation sont à l’½uvre : pourquoi essayer quand ce n’est pas vraiment utile ?
Dans le monde de la finance, cela se traduit par l’exclusion des filiales françaises des banques étrangères, y compris les plus grandes, des instances de direction de la Société des Bourses, mais aussi celles de l’Association Française des Banques, qui n’ouvre qu’un Cercle des banques étrangères dont l’appellation est déjà elle-même ostracisante. Lorsque l’on sait qu’aucune des dix plus grandes banques internationales n’est française, nous tenons là l’explication de la quasi inexistence de la Place de Paris sur les marchés financiers internationaux. Ainsi, y compris dans la finance, l’enjeu n’est pas la fiscalité comme on pourrait parfois le penser par facilité, mais bien la gouvernance qui doit structurer l’inclusion d’acteurs différents.
Si cette situation est particulièrement aiguë en France, elle se reproduit de tous temps, dans tous les domaines et partout dans le monde. En effet, traiter les personnes en fonction de leurs idées et de leur potentiel plutôt qu’au regard de leurs origines et de nos a priori constitue un problème universel. Nos sociétés ont encore de grands progrès à réaliser pour apprendre à prospérer et tirer pleinement profit de la diversité !
Inventer des solutions simples : l’exemple des stock options
La méfiance étant à l’½uvre dans tous les compartiments de la vie sociale et économique, le législateur succombe lui aussi à la tentation de sanctionner et punir. Ainsi, le débat sur les stock options accrédite l’idée de taxer toutes les stock options, alors que nous devrions plutôt considérer normal de récompenser les dirigeants qui ont permis à leur entreprise de croître et performer. Pour contrôler les délits d’initiés en faisant aussi partager risques que fruits de la croissance, une solution simple s’impose : geler la possibilité pour les dirigeants d'exercer leurs options d'achat pendant qu’ils restent en fonction dans leur entrperise, et ne les autoriser à les exercer que pendant une même période fixe de quelques jours chaque année.
Contribuer à inventer la gouvernance par le dialogue
L’Odissée rejoint mes préoccupations personnelles et mes préoccupations de dirigeant. J’aimerais réfléchir avec quelques uns des grands amis de l’Odissée à ma participation au Noyau, à celle de la Deutsche Bank au Collège des fondateurs, ainsi qu’à la construction de L’Odissée de la Deutsche Bank.