Du citoyen-entrepreneur ou de l’entrepreneur-citoyen ?
Face à une mondialisation toujours plus grande, nous devons sans cesse nous remettre en question. Les entreprises doivent de nos jours être toujours plus performantes et relever continuellement de nouveaux défis. Et si le prochain était la citoyenneté?
Des profits et des valeurs
S’il l’on pense que Charles Darwin avait raison, que l’homme descend bien du singe, que par conséquent l’homme a évolué au cours des âges, on peut logiquement penser que notre société actuelle doit elle aussi évoluer pour perdurer.
Depuis quelques années, le « village mondial » semble avoir pris conscience de sa responsabilité vis-à-vis de
Malgré toutes leurs qualifications, depuis plusieurs années le constat reste le même: l’économie française doit faire face à des difficultés croissantes. Le monde entrepreneurial est confronté à des choix qui ne sont pas simples à faire ; choisir entre profits à court terme, ou vision à long terme, respecter les valeurs humaines et économiques, ou au contraire, privilégier une logique pécuniaire. Les entreprises doivent donc, à la fois répondre aux attentes des actionnaires, remplir leurs objectifs, tout en y intégrant un projet pour l’avenir. L’entreprise est par conséquent face à un défi : continuer à se développer, à être toujours plus performante ; tout en prenant en compte dans son développement une nouvelle dynamique écologique et humaine.
En 2004, est paru au Journal Officiel, un rapport intitulé L’état social de la France ; ce rapport classait les régions françaises selon deux thèmes génériques, le lien social et
Quelles conséquences cela a sur la société et sur l’entreprise ?
Les régions les plus performantes, excepté le cas particulier de l’Ile de France, sont celles qui ont un lien social étroit. Ce lien entre citoyens agit sur la performance ; les gens prenant à c½ur leur rôle de citoyen, acteurs de la vie de la cité, développent une plus grande performance dans leur environnement professionnel.
Ainsi, le lien social agit sur la performance de l’entreprise qui devient, de fait, plus compétitive, et qui peut par conséquent se développer.
Que peut on en conclure ?
L’esprit citoyen est donc l’un des facteurs qui favorise la performance, c’est l’un des moteurs de l’entreprise, ou plutôt cela peut être, et doit être, un des moteurs de l’entreprise. Ainsi, la crise économique française n’est pas seulement due à des causes purement économiques, et ne trouve pas nécessairement ses fondements à la Bourse ou dans les pays dits émergents ; elle s’explique aussi par la baisse de l’esprit citoyen dans les consciences françaises. Ne se pensant uniquement plus qu’en tant qu’individu, et non plus individu évoluant au sein d’un groupe partageant les mêmes valeurs, le citoyen français fragilise le lien social, et de fait participe à l’affaiblissement de la performance des entreprises. Pour changer la donne il est primordial qu’avant toute chose nous redynamisions l’idéal citoyen, et que de cette manière, nous participions à l’émergence d’une nouvelle dynamique économique, à un nouvel essor du modèle français.
Pour cela, se concentrer sur l’aspect économique du problème ne suffit pas ; il nous faut repenser notre vision du politique même, revenir aux valeurs fondatrices de notre République. Il ne faut plus se baser sur le seul avis des experts, au contraire nous devons favoriser la réflexion collective, afin de recherche ensemble la meilleure solution possible.
La démarche paraît donc assez simple. Il nous faut réinventer le dialogue et l’intelligence sociale, revenir à une conscience citoyenne forte, dans laquelle les valeurs républicaines seront prépondérantes.
Le monde de l’entreprise se doit de participer au concert des acteurs pour favoriser l’émancipation de cet esprit. Il peut y trouver lui aussi un intérêt. En favorisant l’engagement citoyen, les entreprises participeront au resserrement du lien social et influenceront leur propre performance.
Cependant, un tel choix implique une lourde responsabilité. On ne peut feindre d’être un bon citoyen. Conscientes de leurs influences, les entreprises se doivent de s’impliquer totalement dans cette démarche. Car reconstruire un engagement citoyen n'est pas anodin. Il faut que les entrepreneurs soient véritablement convaincus, en tant que citoyen tout autant que dirigeant, que leur initiative vise à rétablir le dialogue et l’intelligence sociale et favorise la réflexion commune.
Nous devons cesser de nous considérer comme consommateur, fournisseur, dirigeant selon les moments de la journée. Nous devons réintégrer que nous sommes tous cela à fois. Quand un dirigeant prend une décision, il (se) doit à la fois considérer les conséquences du point de vue de son entreprise et en tant citoyen. Ainsi l’un défi de notre société est de créer un juste équilibre entre nos différents rôles de nos vies.
Ce n’est qu’en créant une nouvel esprit citoyen dans notre société que nos entreprises pourront survivre dans un espace de plus en plus mondialisé, et surtout, que nous seront capables d’ouvrir d’autres possibles.