« Citoyens du 93 : au-delà des clichés ? »
Forum citoyen du 1er février 2007 à Saint-Denis / Compte-rendu
Des citoyens de Seine-Saint-Denis, notamment des jeunes, ont participé à un débat sur la citoyenneté, introduit et animé par Jean-François Chantaraud à partir de la présentation sur du « Livre bleu » de l’Odissée rassemblant informations, expériences, avis et propositions sur la citoyenneté recueillis à partir d’appels à contribution lors de forums précédents.
Une société diverse
Tout comme le monde vivant, la société française est diverse. Elle est faite de réussites et d’échecs, de forces et de faiblesses, de parcours différents. Il en est de même dans le 93 avec cette nuance que la diversité y est amplifiée. La Seine-Saint-Denis est un territoire attractif, sas de passage pour les populations d’immigration, et lieu de concentration de personnes immigrées récemment arrivées.
Ces populations de l’immigration offrent donc une grande diversité ethnique et culturelle mais de surcroît, les plus récemment arrivés sont encore plus ancrés dans leur culture d’origine et renforcent encore cette diversité.
Face à cette réalité, l’attitude la plus facile consiste à catégoriser les personnes à partir de préjugés, de clichés. Ainsi, des participants ont fustigé les « media », qui selon eux, « donnent une image négative des jeunes, sont orientés et ne montrent pas assez de choses positives du 93 ».
Dans la mesure où ― spécificité bien française ― l’on ne sait pas bien se projeter dans un avenir collectif et évaluer les personnes à partir de ce qu’elles disent, proposent et apportent, on les regarde à travers des prismes (« avez-vous un diplôme ? ») et on les met dans des catégories : origine, sexe , lieu de vie ― ex. : « il / elle est du 93 » mais aussi quartier. « Alors que la France est multiculturelle, témoigne un jeune, on regarde l’autre de travers car il n’est pas du même quartier ! ». Cette façon de faire amène donc à un repli identitaire : on se replie sur soi, ou sur sa croyance, voire sur son préjugé. Du coup, on en arrive à une « auto-catégorisation » : les gens se mettent eux-mêmes dans des catégories, ce qui les aide à se forger une identité sociale mais dans le même temps les enferme, les exclut des autres catégories et en retour, les membres d’une catégorie ne souhaitent pas que des extérieurs à cette catégorie y pénètrent. Ainsi, un étudiant qui fait partie de l’association des anciens élèves de son école de commerce témoigne qu’il avait trouvé un travail car il a appelé un DRH d’une entreprise lui-même ancien élève de cette même école.
Des pratiques et des propositions
Dans le 93, nombre d’associations, de services publics et d’entreprises s’engagent pour le collectif et ne tombent pas dans le piège du repli sur soi.
Des participants ont fait des propositions. Par exemple que les médias et les politiques, les décideurs en général apprennent à reconnaître les bonnes pratiques et à les valoriser afin de casser l’image négative du 93.
Un jeune, estimant que « la citoyenneté se perd par perte de la nation », regrette que les élites soient loin du terrain et propose qu’ « on envoie les étudiants de l’ENA et de Sciences-Po dans les cités pour faire quelque chose d’utile ». Il commente : « on fait des choses pour les jeunes mais on ne leur demande pas ce qu’ils veulent, eux ! ».
Plusieurs participants ont évoqué la nécessité « de créer des liens », « de favoriser les rencontres », de personne à personne, de groupe à groupe. Ainsi, un étudiant d’une école de commerce a suggéré des « jumelages interdépartementaux afin de constater qu’on n’est pas si différents », aussi bien entre des départements de la région parisienne qu’avec des départements de la province. Approuvant cette idée, un président d’association a insisté sur « la nécessité de s’ouvrir aux autres afin de se comprendre mutuellement ».
Dans le droit fil de cette réflexion, un intervenant s’est interrogé : «Y a-t-il aujourd’hui un sens à vivre ensemble ? Si oui, il est à définir, et à définir ensemble ».
Se doter d’un projet collectif
« Il s’agit aujourd’hui de rencontrer autrui dans sa diversité, de s’engager pour soi et pour autrui » a estimé Jean-François Chantaraud, insistant sur la nécessité de « se doter d’un projet collectif ». Tel est le sens du « Projet social pour la France » de l’Odissée dans lequel chacun est invité à « entendre et prendre en compte, les personnes, les faits et les idées », ajoutant : « il s’agit d’entendre où vont les gens et non pas d’où ils viennent ».
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