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L'engagement citoyen : quelle est et quelle devrait être la place du citoyen dans la cité ?Synthèse du Forum Citoyen de Nevers du 28 mai 2004

La Mairie de Nevers s’est associée cette année à une démarche de réflexion nationale initiée par l’Observatoire du Dialogue Social (centre d’études et de recherche appliquée sur le lien social), le Ministère de l’Intérieur, la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France et un collectif de trente corps intermédiaires sur le thème : « Quelle est et quelle devrait être la place du citoyen dans la cité ? ».

La participation de la ville de Nevers a consisté a accueillir le vendredi 28 mai 2004 un forum local de débat et de réflexion sur le thème retenu. Ce débat, organisé à la Maison de la Culture de Nevers et soutenu par la Générale des Eaux et la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de la Nièvre, a réuni des citoyens, des étudiants, des professeurs, des dirigeants d’entreprise, des responsables d’associations et des responsables municipaux. Le forum s’est déroulé en 3 parties :

  - Introduction aux débats : présentation du Livre Bleu thématique (agrégat des contributions à la question « Quelle est et quelle devrait être la place du citoyen dans la cité ? » classées selon la Grille d’analyse du lien social)
  - Débat et échanges entre les participants : partage d’informations, expériences et recherche de propositions innovantes
  - Synthèse des débats par l’animateur et conclusion du Sénateur-Maire
Les témoignages et interventions de l’assistance réunie à Nevers dans le cadre de ce forum débat soulignent à la fois la nécessité et la complexité de mettre en ½uvre une réforme culturelle, mais permettent également d’identifier des pistes de réflexion quant aux moyens de faire tendre la société vers plus de citoyenneté.

 

Synthèse des échanges

1 - Une Société en Mutation

Les nouveaux moyens techniques de communication nous placent dans un champ de surinformation. Evidemment, il faut d’autant plus de temps pour recueillir et analyser des données quelles sont toujours plus nombreuses sur des questions plus compliquées en provenance de multiples sources.
Par ailleurs, la complexification des enjeux due à la globalisation non seulement engendre de nouveaux repères, mais  accentue la complexité des enjeux, laquelle entraîne elle aussi la nécessité d’un surcroît de temps. Ainsi, non seulement le cadre concurrentiel réduit nos marges de man½uvres économiques, mais nous devons traiter  les problèmes dans l’urgence.
Cette situation entraîne des possibilités de diagnostics imprécis et donc de décisions imparfaites, voire erronées. Il s’ensuit des risques d’inégalité de traitement, de panne de l’ascenseur social, voire d’exclusion de certaines catégories de nos concitoyens.

2 - Un sentiment de besoin de débat public

Face à sentiment grandissant de l’impossibilité pour quiconque, y compris les décideurs politiques, de trouver seul des réponses adéquates aux multiples questions de société, l’abstention ne signifie pas un désintérêt pour la chose publique, mais une aspiration à participer au débat public et contribuer à placer l’intelligence au pouvoir. Ceci ne met pas en cause la légitimité des élus - dont chacun s’accorde à constater qu’ils consacrent de longues heures avec leurs administrés - pour arbitrer en faveur de l’intérêt général, mais pose la question de la participation des citoyens à la réflexion préalable à la décision. Or, cette participation ne doit pas contrevenir à la nécessité de décider : il faut donc se pencher sur la méthode d’organisation de la réflexion collective.

3 - L'objet de la réflexion collective

Quel doit être l’objet de la réflexion collective ? Certainement pas de décider à la place des élus qui restent ceux qui détiennent la meilleure légitimité en démocratie, celle de l’élection. Il ne s’agit pas non plus de tenter d’exercer une pression sur les décideurs dont il faut qu’ils restent à l’abri des lobbyistes qui cherchent à faire valoir leurs intérêts particuliers. L’objet d’une réflexion citoyenne est de contribuer à éclairer la compréhension de la situation en intégrant tous les arguments afin de formuler des propositions qui parviennent à transcender les intérêts particuliers. Cette réflexion doit aider à comprendre les faits, mais aussi à les faire comprendre par le plus grand nombre. En effet, s’il s’agit bien de contribuer à la recherche de nouvelles solutions ambitieuses, il s’agit également d’aider à les rendre possibles et applicables car partagées par le corps social.
La participation citoyenne est donc un exercice d’intégration dans la réflexion politique qui induit un sentiment d’appartenance au collectif. Sa finalité est donc qualitative : inclure ; mais aussi quantitative : le plus grand nombre. Il convient donc de multiplier les rencontres citoyennes.

4 -Une méthode multiple

Or, les enjeux relevant de différents territoires (immeuble, quartier, local, régional, national, européen, global…), aucun citoyen n’étant expert sur tous les thèmes et tous les citoyens n’ayant pas le même niveau de maturité, d’exigence et de disponibilité, il convient également de multiplier les formes de rencontres afin d’augmenter la capacité de chacun de contribuer à la prise en charge des problèmes du collectif.
Quatre niveaux de finalité sont à distinguer : informer (améliorer l’accessibilité de l’information), consulter (recueillir les informations et propositions), concerter (organiser le partage de l’information et chercher les meilleures solutions) et décider (choisir en faveur de l’intérêt général).
Plusieurs actions complémentaires sont donc à envisager. Quelques unes ont été évoquées.

    L’Université du citoyen
Il conviendrait d’imaginer un cursus d’information des citoyens qui leur permettrait de mieux comprendre l’administration, le politique, le droit, voire même la langue pour les nouveaux arrivants.
    Le conseil de jeunes
Le conseil de jeunes répond à cet objectif et peut être comparé à une Université du jeune citoyen. En effet, les animateurs du Conseil des Enfants de Nevers indiquent clairement que les enfants qui ont la chance de participer sortent transformés : ils apprennent le fonctionnement des institutions, mais surtout à s’exprimer en public, à réfléchir ensemble, à respecter les personnes, les faits et les idées, à formuler et défendre leurs propositions. Etre pleinement citoyen revient donc à être performant à titre personnel et dans sa capacité à gérer ses relations avec soi-même et avec autrui : cela consiste à devenir créateur de lien social.
Plutôt qu’un cursus d’information, il s’agit donc de concevoir un processus de formation-action qui donne un rôle au citoyen.
    Le conseil de quartier
Cette démarche pourrait être imaginée par quartier pour les adultes, et par eux-mêmes. Le lancement de ce type d’organisation locale doit consister à définir un programme de travail : la première phase devrait consister à organiser une réflexion avec les citoyens volontaires, de concert avec leurs élus, quant aux thèmes qu’ils souhaitent traiter ensemble et quant aux règles qu’ils se définissent. Il ne s’agit pas pour les élus de se défausser de leurs responsabilités de décideur, mais d’adjoindre à leur propre réflexion des neurones complémentaires afin d’aller encore plus loin dans la recherche de l’intérêt général.
   Le droit de vote et le référendum
Plusieurs personnes ont donné des avis contraires sur le droit de vote des résidants étrangers. En début de débat, certains indiquaient qu’il leur semble nécessaire de diffuser largement le droit de vote, à l’inverse, d’autres ont ensuite précisé que l’inclusion et l’intégration procèdent plus du débat et de la prise en compte de la personne et de ses idées que de sa seule voix au moment du vote.
Il en va de même pour le référendum, qui constitue plus une délégation de la décision qu’un véritable processus de réflexion qui permet d’approfondir sereinement la formulation des constats et des alternatives.

5 - Entrer dans l'ère de la démocratie participative

Ainsi, c’est en donnant à chacun le pouvoir d’intervenir dans la formulation des diagnostics et des  propositions que nous passerons du droit à l’expression au devoir de chacun d’exercer sa responsabilité collective en participant à la construction d’un avenir commun.
C’est avec l’aide de tous, dirigeants et dirigés, dans les collectivités territoriales, mais aussi dans les entreprises et au sein des services publics que notre société pourra entrer progressivement, avec méthode et pragmatisme, dans l’ère de la démocratie participative.
Vingt-six participants au forum du 28 mai 2004 se sont déclarés volontaires pour poursuivre ensemble le travail en ce sens.

 

La conclusion du sénateur-maire

En conclusion des débats, le sénateur-maire Didier Boulaud a constaté que les élus sont sollicités sur tous les sujets quotidiennement par nos concitoyens, mais que ceux-ci, lorsqu’ils sont sollicités, se rendent généralement peu disponibles. Il faut donc chercher à donner un rôle au citoyen sans pour autant lui donner raison. C’est aux élus d’assumer pleinement leur rôle et de renforcer leur légitimité en donnant une place aux citoyens qui cherchent l’intérêt général. C’est à ce prix que l’électorat se remobilisera et que la République évitera les dangers d’une démocratie moins efficace.
Il a enfin indiqué que la commune peut être un moyen de développer la citoyenneté, car la proximité permet de trouver des solutions concrètes, efficaces, performantes et justes et d’expérimenter des solutions nouvelles.

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