La grande Désillusion (titre original: Globalization and its Discontents)Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'économie, paru en 2002
Vu la mondialisation, l'auteur plaide pour la mise en place d'une gouvernance mondiale de l'économie. Ce qu'il montre au long de son texte, c'est le lien de cause à effet entre le processus de réflexion et de décision d'une part et les performances économiques d'autre part.
Joseph Stiglitz prouve tout d’abord qu’à l’époque du numérique, un livre bien écrit peut encore provoquer des prises de conscience. La grande Désillusion , paru en 2002, a été rapidement traduit en 25 langues et a rencontré un écho mondial fort.
Le FMI s’y fait sévèrement étriller, accompagné secondairement du Trésor américain et de l’OMC. L’auteur relate les faits qui se sont déroulés pendant les crises encore fraîches : crise asiatique, Russie, mais encore Ethiopie, Kenya. Or les questions qu’il soulève sont intemporelles.
En tant qu’expert de l’économie conscient des problèmes d’intérêt général, Joseph Stiglitz constate la réalisation de la mondialisation. Et, dit-il, faute de débat structuré et faute d’institutions internationales transparentes, la gestion de l’économie mondiale a entraîné de piètres performances.
D’une part, il montre comment le processus des décisions qui affectent le monde sont prises en petits comité fermé par des personnes engoncées dans l’imbrication des intérêts particuliers, notamment commerciaux et financiers. Leur connaissance du terrain est nulle, ils ne s’informent pas, ils appliquent des recettes scolaires sans prendre la mesure de leurs conséquences sur la vie des gens. L’auteur montre également l’utilisation abusive de la contrainte par les gouvernements occidentaux. Il explique les aberrations du pouvoir bureaucratique et tyrannique de ces institutions.
D’autre part, les piètres performances sont de plusieurs ordres. Des richesses économiques ont été détruites et les systèmes économiques désorganisés. La pauvreté a entraîné derrière elle un sentiment de révolte propice aux émeutes. La corruption, notamment en Russie, a provoqué l’anéantissement de l’Etat. Enfin, les conséquences économiques, sociales, politiques, se font sentir à long terme et ralentissent durablement les progrès.
Joseph Stiglitz invoque l’ouverture d’une réflexion collective en vue de créer des institutions internationales transparentes, lesquelles fixeront des règles équitables et adéquates aux réalités, de telle sorte que les performances économiques et le développement seront mieux encadrés, plus sûrs et plus rapides. En somme ce qu’il esquisse pour l’intérêt général, c’est le lien de cause à effet entre le degré de lien social et la performance.