L'Apogée des sociétés I - 3. Vécu partagé de la responsabilité et de la solidaritéIntroduction à la Grille
Le troisième enjeu du vivre ensemble et du réussir ensemble réside dans les niveaux de solidarité et de responsabilité de chacun des membres de la communauté les uns vis-à-vis des autres. Pour être et rester avec les autres, chacun doit en avoir à la fois l’envie et la possibilité : il faut en même temps le vouloir et le pouvoir.
Tous pour un, un pour tous : pour préserver l’unité de la société, chacun doit être responsable de tout, et le collectif doit être responsable de chacun. La solidarité et la responsabilité sont donc deux valeurs indissociables pour préserver et développer la cohésion et la performance du collectif. Cependant, plus la communauté s’élargit, plus la réciprocité indispensable est difficile à vérifier.
Un collectif se distingue par au moins un critère discriminant de reconnaissance facile à repérer par tous. A l’intérieur d’une même famille, la solidarité peut s’exercer à un niveau élevé entre frères et sœurs de façon instinctive et inconsciente : chacun aide les autres, et exerce ainsi sa responsabilité vis-à-vis de tous, y compris si certains commettent de lourdes fautes. A l’inverse, à mesure que l’on s’éloigne dans l’arbre généalogique, le lien social s’atténue, et avec lui la propension à assumer, a priori et sans calcul, les erreurs, voire même les simples maladresses d’autrui. Le lien se raidit avec l’inconnu, que l’on dépersonnalise plus facilement, et vis-à-vis de qui l’impatience et la dureté peuvent s’intensifier.
Mesure de la corrélation entre solidarité et responsabilité Si l’envie de solidarité est forte chez les dirigeants économiques et sociaux français, il n’en va pas de même quant à leur envie de responsabilité. Ce décalage de posture intellectuelle se traduit par un alignement du vécu des deux valeurs sur le moindre niveau d’envie. Les deux valeurs vont de pair et ne sont pas dissociables sur la durée. |
L’explication de ce phénomène tient à la diminution de l’envie de prendre en charge des contraintes de personnes et enjeux que l’on ne connait pas et que l’on ne souhaite parfois même pas entendre. Il s’en suit une contraction de la tolérance aux écarts de comportement des personnes qui nous sont étrangères. Lorsqu’elle devient réciproque, cette baisse de la responsabilité et de la solidarité de chacun vis-à-vis d’autrui se collectivise, et peut conduire à une rupture du vivre ensemble, et à des fractures au sein de la communauté, jusqu’à sa dislocation. Il faut donc trouver le moyen de faire vivre ces deux valeurs clés à grande échelle, et par tous les membres de la communauté[1].
[1] Responsabilité, Solidarité, Santé, étude réalisée pour le compte d’Harmonie Mutuelle. Sur la base d’une grille d’analyse réalisée en lien avec les partenaires sociaux, la responsabilité et la solidarité sont mesurées sur une échelle de 0 à 100. L’attitude de solidarité s’élève à 78, tandis que celle de la responsabilité reste à 54. Le vécu des deux valeurs n’excède pas 54.