Les enseignements de la cartographie Lien social / Performance

1. Le positionnement de l’ensemble des pays sur la diagonale du schéma confirme la corrélation entre le lien social et la performance, déjà observée lors des études précédentes publiées par l’ODIS, qu’elles soient relatives aux régions françaises, aux pays européens ou à l’ensemble des pays du monde
2. Les pays les mieux placés se caractérisent par des systèmes de gouvernance reposant sur une démocratie sociale et locale développée. Dans les pays nordiques, ce modèle a permis l’élaboration d’un contrat social fondé sur une fiscalité élevée et des mécanismes de redistribution sociale nombreux. On peut également noter que le mode de gouvernance de ces pays est très souvent piloté au niveau régional, ce qui organise un meilleur niveau de participation des différentes composantes sociologiques, favorise une urbanisation territoriale mieux équilibrée, et une appropriation des décisions mieux ancrée chez les résidents. En Autriche, le système fédéral autorise des modes de régulation spécifiques aux gouvernements territoriaux. Quant aux Pays-Bas, ils possèdent une tradition toujours actuelle de participation élevée des partenaires sociaux à la vie économique et sociale. Ces pays figuraient déjà en tête de classement en 2004.
3. L’Irlande était au début des années 1990 le pays le moins avancé de l’Europe des Douze. Un diagnostic partagé au sein de la société irlandaise a conduit à l’élaboration d’un plan mené par un gouvernement d’union nationale, et financé en grande partie par l’Union européenne. Elle est désormais en très bonne position en termes de performance et de savoir être ensemble, bien que sa performance soit en net repli par rapport à 2004.  C’est ainsi la modification de sa gouvernance qui a permis un saut qualitatif en lien social et en performance.
4. La Belgique possède un mode de gouvernance très structuré, avec sept systèmes de gouvernements enchevêtrés, mais aux compétences clairement réparties : trois régions administratives (Wallonie, Flandre et Bruxelles), trois communautés linguistiques (flamande, francophone et germanophone) et le Gouvernement fédéral. Sa performance relativement stable (7^e en 2004, 9^een 2012) est meilleure que son niveau de lien social (12^e en 2012 contre 11^e en 2004), dont on peut penser qu’il pâtit de la discorde entre les différentes communautés du pays.
5. Excepté l’Allemagne, les grands pays d’Europe en termes de population (Royaume-Uni, France, Italie et Espagne) sont tous en position d’inertie, voire de frein, et non de moteur dans la dynamique d’ensemble. En réalité, le couple franco-allemand, moteur historique de la construction de l’Europe à l’issue des guerres fratricides du XX^e siècle, est peut-être devenu un frein au regard de la cartographie. Cela étant, il faut tempérer le positionnement de certains pays, en rappelant les grandes disparités régionales, comme par exemple entre l’Italie méridionale assez pauvre et la richesse du Nord de la péninsule.
6. Les pays de l’Est sont globalement moins bien classés que les autres pays de l’Union européenne, autant en performance qu’en lien social. Cependant, trois pays se distinguent : l’Estonie, qui bénéficie d’une culture proche de celle de la Finlande ; la République Tchèque, historiquement plus industrialisée ; et la Slovénie, la « Suisse des Balkans ».
7. Aucun pays européen ne figure dans la catégorie « performance déséquilibrée », avec un niveau de performance supérieur à 50 et un niveau de lien social inférieur à 50.
8. Quatre pays apparaissent particulièrement en difficulté : la Grèce, le Portugal, l’Espagne et la Roumanie.