Organiser le dialogue
 
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Le Télos européen : inventer la démocratie citoyenneIII - Les effets de la démocratie citoyenne

4. La démocratie citoyenne comme stratégie politique

Les partis sont les piliers de la vie politique. Leur aptitude à réagir dépend de leurs procédures internes de fonctionnement. Variable, leur démocraticité a une influence directe sur leur efficacité.

En France, par exemple, les partis politiques sont centralisés, à l’image de la culture et des structures étatiques. N’ayant pas de place pour exister en leur sein, chaque génération de français doit créer de nouveaux partis pour être entendue, et reproduit le même scénario de fermeture de l’appareil afin de se protéger contre les prétendants. Aussi, aucun parti ne perdure longtemps au-delà de la disparition de son créateur[1]. A l’inverse, en Angleterre, les trois grands partis actuels ont plus d’un siècle d’existence, et deux d’entre eux sont même issus des premiers Whigs et Tories constitués en 1680 ! Les possibilités de débat interne permettent la régénérescence et la réactualisation continue des idées et des personnes.

Il en va de même aux Etats‑Unis, où les deux seuls mêmes appareils existent depuis près de deux siècles. Les Républicains et les Démocrates constituaient en effet déjà la représentation de la société en deux grands pôles avant la guerre de Sécession, et, bien que le débat ait radicalement changé de terrain, ils le sont toujours aujourd'hui. Si aucun Président n'a jamais été élu hors de ces deux structures, c’est parce qu’elles sont structurées pour chercher à chaque fois de meilleures idées et de meilleurs candidats. Ainsi, jamais un Président vaincu à une précédente élection n’a pu obtenir l’investiture de son parti[2].

Tout comme les Etats dont le mode de gouvernement instituant la participation du plus grand nombre affirment leur prédominance sur les autres, les partis aux espérances de vie et de victoires les plus élevées sont ceux qui savent se doter des procédures démocratiques de fonctionnement permettant aux forces nouvelles d'occuper en leur sein même la place qu'elles méritent. Ainsi, les idées sont débattues, le bien commun et l’intérêt général sont plus vigoureusement recherchés, et les partis restent en phase avec la société ; leur survie est assurée.

 

[1] L’UDF a disparu avec la carrière politique de Valery Giscard d’Estaing ; le RPR avec celle de Jacques Chirac, l’UDR avec celle de Charles de Gaulle…

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