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Nous sommes tous des légumes moches ! N°3 Un scénario à 2,75 milliards d’euros

Lutter contre une discrimination systémique.

Revenons en préambule sur la situation qui perdure depuis si longtemps. En 2011, Pete Stone (Rouen Business School et Justdifferent.eu) écrivait qu’ «...être au chômage représente un des critères de discrimination les plus importants. Et pourtant, il ne figure pas dans la liste des critères du code du travail et du code pénal. Il s’agit donc d’une discrimination tout à fait légale. Légale, oui, intelligente ? Non ! ». Questionnons-nous individuellement et collectivement sur ce fait. Il existerait donc des discriminations légales ? Il existerait des discriminations intelligentes ? Nous sommes en réalité en face d’une discrimination systémique dont ni le législateur, ni le corps social, ni les discriminés eux même n’ont osé réellement s’emparer. Coexistent ainsi le monde des « outsiders » qui n’ont pas d’emploi, et celui des « insiders » qui en ont un et prient pour ne pas tomber du côté obscur de la force. Quel mouvement, quelle initiative, quel porteur de message saura s’en faire l’écho ? Sans attendre de la loi qu’elle change, « Nous sommes tous des légumes moches ! » propose aujourd’hui des analyses et des actions concrètes à la portée de chaque partie prenante de la collectivité.

Le cout faramineux de la désutilité.

Les études publiques et privées s’entendent pour évaluer le cout annuel du chômage pour la collectivité à 75 milliards d’euros (indemnisations, baisses de recettes fiscales, baisse de pouvoir d’achat) auxquels il convient d’ajouter le cout sanitaire et social (perte en capital social, impact sur la santé, mortalité multipliée par 3). Au total, le cout global est évalué à 110 milliards d’euros par an. Soit, sur la base d’un « stock » de 5 millions de demandeurs d’emploi de catégories A, B ou C, 22000 euros engagés pour chaque personne en situation de désutilité. Il n’est pas ici question de remettre en cause les dépenses de solidarité, mais bien de questionner les moyens pour participer à leur réduction, leur efficience ou leur affectation, en sachant que le premier levier restera la création d’emploi. Mais nous n’en sommes hélas pas encore là ! Il est donc indispensable d’ouvrir des voies alternatives qui resteront ancrées dans les changements de pratique quand le temps de la reprise sera venu.

Contre le gaspillage humain : appliquer les principes de l’économie circulaire

A quelques mois du sommet mondial COP 21, nous sommes informés, sollicités et pour partie convaincus des vertus de l’économie circulaire. Il s’agit de lutter contre les gaspillages énergétiques et de ressources en privilégiant les flux et les achats de matières, d’énergie, de produits ou de service au sein d’un cycle vertueux. Cela n’a rien à voir avec un retour au protectionnisme, puisque les circuits « courts » peuvent aussi être des circuits internationalisés. Nous y trouvons pêle-mêle les indicateurs de mieux être, de biodiversité, de croissance ou de bilan carbone. Mais regardez bien ! Quand est-il réellement question de la préservation de ces ressources qui disparaissent aujourd’hui dans le sable du chômage : le capital humain, l’éducation, la motivation, les compétences, l’intelligence collective. Il est donc temps que les reconnaitre comme ressources fondamentales à préserver et utiliser avec intelligence et humanité.

Jusqu’à 2,75 milliards d’économies à réinvestir : CQFD

Tentons une estimation : 110 milliards de dépenses annuelles, soit 22000 euros pour chacun des 5 millions de personnes qui vivent  le chômage en moyenne 14 mois. De leur côté, les entreprises recrutent annuellement 3 millions de  CDI, mais on n’en connait pas la part de chômeurs. Si on (le « on » est d’importance, car il s’agit bien d’un engagement de chaque partie prenante) se donne comme objectif d’augmenter de 10 %, soit 300000, la part des chômeurs dans ces recrutements et de baisser de moitié la durée moyenne d’inactivité pour les personnes embauchées, on obtient une économie incroyable de 2,75 milliards d’euros par an !!! C’est probablement une estimation basse, puisqu’elle n’intègre ni les CDD longs, ni les autres catégories de chômeurs. Elle prend simplement en compte le flux annuel de contrats durables, et indifféremment les rotations ou les créations d’emploi. Vous avez bien lu : à compétences comparables, une baisse de 10% des situations de discrimination précitées et dues au chômage entrainera une économie collective de 2,75 milliards d’euros par an !!! Est-ce que ça ne vaut pas la peine de tenter le coup, de se pencher sur la question de nos a priori, de nos pratiques, de nos indicateurs ? On peut aussi discuter des chiffres de références, mais ça ne changera pas fondamentalement le raisonnement.

2,75 milliards d’euros par an !!! Combien cela représente-t-il en points de croissance, en heures de formation, en pouvoir d’achat, en signaux positifs qui ne coutent pas un centime de plus et qui valorisent les réussites ? Et pour boucler avec l’économie circulaire, le développement durable et la RSE, tout cela tient de la parabole du colibri popularisée par Pierre Rabhi, celle de la somme des plus petites initiatives.

Rendre visible: un grand compteur national et un indicateur « Légumes moches ! »

Cet élan doit être rendu visible, pour ceux qui le mettent en œuvre et pour ceux qu’on fera enfin sortir de l’ombre, pour une dynamique collective et positive. Imaginons un grand compteur national alimenté par les pouvoirs publics et/ou les entreprises, où chaque contrat de travail signé et assorti d’une sortie durable du chômage serait valorisé à hauteur de l’économie réalisée. Imaginons que les acteurs de ces réussites - les entrepreneurs dans leur politiques RSE, les collaborateurs nouvellement embauchés à l’intérieur des mêmes entreprises, les territoires - puissent revendiquer leur participation à cet élan. Imaginons un portail qui rendrait visible par tous les résultats quotidiens.

Cet indicateur « Légumes moches » est à portée de clic.

 

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