Yorik Pelhate, Chargé des Relations Institutionelles, Air FranceInventer un mécanisme de compréhension des enjeux qui favorisera les échanges de marchandises et d'idées
La réussite provient de la capacité à se projeter dans l’avenir : il nous faut une vision globale à long terme reposant sur la responsabilité sociale et politique.
Des entreprises françaises performantes
Les résultats des 40 entreprises du CAC sont très performants, mais attention, ils proviennent pour leur plus grande part de leur activité à l’étranger. 65% des résultats d’Air France par exemple ne proviennent pas de l'activité en France.
Etat, entreprises, syndicats : le lien en déshérence
En Allemagne et aux Pays-Bas, les syndicats sont puissants et responsables. Ils connaissent les dossiers et partagent les objectifs. Les partenaires sociaux s’adaptent aux réalités pour faire des propositions nouvelles, négociées et travaillées, qui permettent d’éviter les plans sociaux en trouvant des solutions adaptées à chaque personne. Le fréquent illettrisme économique du personnel politique et syndical français, les logiques de carrière et d’affichage porteuses de dérives populistes, ainsi que les modes de confrontation engendrent des pertes d’énergie considérables. Les syndicats faibles, qui ne représentent que 8% des personnels salariés, se livrent parfois une concurrence âpre aux dépens de l’intérêt de l’entreprise ou du service public.
Les actionnaires sont impuissants lorsque l’Etat est majoritaire. Dès qu'il est impliqué dans un projet, nos partenaires européens ne comprennent plus le fonctionnement de la France. Vue de l’étranger, la France est devenue une terre de magouilles. L’Etat négocie à l’étranger sans connaissance des dossiers, et sans argent. Le personnel politique à tendance à mépriser les hauts fonctionnaires, sauf lorsque ces derniers entrent en politique. Bien sûr certains très hauts fonctionnaires parviennent à réussir leur mutation en industriels, mais ces personnalités sanglées sur les valeurs d’entreprise restent des exceptions.
Notre système de caste est inadapté à l’entreprise. Le mode de réforme bien français par le chaos est inadapté à la mondialisation. Nous ne savons sortir des crises que par le bas et la violence. De telles ruptures génèrent des pertes d’énergie et de savoir-faire. Notre système notabiliaire ne reposant pas sur la sélection des compétences nous conduit à enchaîner les mauvaises décisions et nous fait perdre pied. Face aux pays émergents, l’OMC échoue dans sa mission de régulateur. La France devient un musée en plein air. Elle ne fait que subir, et perd pied.
L'incapacité de produire des diagnostics partagés
La presse, reproductrice des petites phrases et amatrice de sensationnel, voit sa capacité d’analyse affaiblie. Les journalistes d’investigation perdent le pouvoir d’influence. Les syndicats ou les partis politiques ne se sont pas dotés de structures de veille sociétale qui leur permettraient d'avoir une vision à long terme des enjeux.
Organiser une prise de conscience des enjeux
La réussite provient de la capacité à se projeter dans l’avenir. Aussi, il faut nous doter d’une vision globale à long terme. Il faut également développer la responsabilité sociale et politique, et inventer un mécanisme de compréhension des enjeux, d’appréciation des compétences, et de valorisation des savoirs faire. Les français doivent apprendre le pragmatisme. Cela suppose de sortir de notre culture de spécialistes, pour entrer dans une culture généraliste qui favorisera l’échange des marchandises et des idées.
Sonner l’alerte
Nous devons apprendre à chercher le bien commun en entendant tous les faits. Il nous faut inventer des mécanismes et ne pas attendre la crise, et ainsi éviter les surcoûts qu’elle engendrerait. Cela suppose de faire appel à la sagesse des citoyens.
Etudier un partenariat Air France – Odissée
Je serais très favorable à toute proposition qui pourrait être faite à Air France de s’impliquer dans l’Odissée.