<strong>L'Odissée des énergies</strong>
Mutualiser les énergies
?

Nous pensons ensemble, donc nous sommes ensembleDepuis 2004, l’Odis (Observatoire du dialogue et de l’intelligence sociale) publie des analyses comparatives des territoires français, européens et mondiaux en termes de lien social et de performance : quels que soient les ensembles considérés, ces deux dimensions sont corrélées.

Sur toutes les cartographies publiées dans le rapport annuel L’état social de l’ODIS, on observe que soit les territoires produisent simultanément du lien social et de la performance, soit ils n’arrivent à développer aucun des deux.

La démonstration statistique de la corrélation entre Lien social et Performance montre qu’il n’y a pas de réussir ensemble durable sans qualité de vivre-ensemble. En miroir et réciproquement, il n’y a pas non plus de cohésion sociale durable au sein d’un groupe social qui ne remporte pas quelques succès collectifs. Les raisonnements politiques, sociaux et économiques ne peuvent plus reposer sur la fracture gauche / droite « Faut-il générer d’abord du lien social, ou d’abord de la performance ? », mais « Comment faire pour générer les deux simultanément ? ».

Les territoires qui réussissent le mieux, à la fois en termes de lien social et de performance, sont ceux où l’information circule facilement, où le débat public et les échanges de proximité sont plus dynamiques et plus accessibles qu’ailleurs, et où chacun s’implique mieux dans l’analyse des forces et faiblesses de l’existant, et dans la construction de l’avenir du collectif. Ce sont notamment la Norvège, la Suisse, Singapour, Suède, les Pays-Bas, le Danemark et l’Autriche.

Les territoires qui réussissent comparativement moins bien à la fois en termes de lien social et de performance sont ceux où des asymétries d’information ne permettent pas à chacun de prendre part de façon égale à la réflexion collective, au partage des diagnostics, à la définition puis à la mise œuvre des projets collectifs. En Europe, ce sont les pays méditerranéens. Dans le monde, ce sont les pays de l’Afrique subsaharienne.

Des exceptions peuvent exister, de territoires ou d’organisations dont la performance est élevée malgré un lien social faible. Cela se produit lorsqu’une entité ne se soumet pas aux mêmes règles du jeu que les autres, au sein d’un espace ou d’un secteur d’activité donnés. En France, c’est le cas de l’Ile-de-France qui est, de loin, la plus performante des régions françaises malgré un lien social limité, en raison d’un « avantage concurrentiel » unique dans le pays, lié à la concentration séculaire à Paris de toutes les formes de pouvoirs (économique, politique, social, culturel...).

De façon générale, les espaces ou organismes en situation de monopole peuvent afficher une surperformance par rapport à leur niveau de lien social, mais ils voient leurs succès chuter lorsqu’ils perdent cet avantage.  Inversement, les territoires dans lesquels la performance n’est pas au niveau du lien social prennent le risque de voir à terme la cohésion s’aligner sur leur niveau de réussite.

Pour éviter l’alignement des deux dimensions sur la plus basse, la gouvernance doit être pensée et construite pour anticiper l’avenir, en associant de façon structurelle tous les acteurs à la recherche de l’intérêt du collectif. Alors, la remise en question constructive des savoirs, méthodes, métiers, produits et services entretient la spirale positive lien social / performance, et permet de toujours mieux réussir ensemble. Reste à conjuguer Descartes au pluriel « nous pensons ensemble, donc nous sommes ensemble » et à écrire le tome II du discours de la méthode pour apprendre à organiser la réflexion collective.

 

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